La rafle du Vel d’hiv
- Maurice Rajsfus
- Philippe Ogouz
La pièce
« J’ai 14 ans. J’habite Vincennes. Je suis élève au collège situé à l’École du Nord, rue de la Liberté. J’ai appris à lire et à écrire à l’École de l’Ouest, rue de l’Égalité. Il y a aussi une rue de la Fraternité à Vincennes. Lorsque la rafle s’est produite, je venais d’avoir 14 ans. »
Ainsi commence l’adaptation théâtrale des souvenirs de l’écrivain Maurice Rajsfus sur la rafle du Vel d’Hiv, la plus grande arrestation massive de Juifs réalisée en France pendant la Seconde Guerre Mondiale.
NOTE D’INTENTION
Le 16 Juillet 1942 : VENT PRINTANIER. La police de Vichy désigne ainsi le plus grand rapt organisé à Paris et dans sa banlieue, 15000 Juifs dont 5000 enfants sont raflés, à l’aube, chez eux.
Dire l’insoutenable, sans artifices, ni pathos, il ne sert à rien de crier l’horreur.
Au moment où le racisme et l’antisémitisme ressurgissent en France et dans toute l’Europe, il m’a semblé indispensable de faire ce « travail de mémoire ».
Heure par heure, se déroule cette rafle prévue par les autorités françaises aux ordres de la police allemande et des SS, implacablement préparée par le Maréchal Pétain, chef de l’État alors âgé de 87 ans, et ses sbires Pierre Laval et René Bousquet.
Tous les responsables de cette rafle seront acquittés.
Seul Laval sera fusillé à la Libération.
Je retrace à travers ce voyage de l’horreur, l’engrenage des lois antisémites, le port de l’étoile jaune et les lieux publics interdits aux Juifs.
A la voix de l’acteur répond celle de l’accordéon de Paul Predki.
Les mots ne crient pas, ne chantent pas, ne mentent pas, ils disent.
Philippe Ogouz
L’ADAPTATION
En juillet 1942, alors qu’il a 14 ans, Maurice Rajsfus est arrêté à Vincennes avec ses parents et sa sœur aînée lors de la rafle du Vel d’Hiv. Il est miraculeusement relâché avec sa sœur. Ses parents ne reviendront jamais.
Devenu écrivain, journaliste, historien et militant, Maurice Rajsfus est l’auteur de nombreux ouvrages dans lesquels il a abordé les thèmes du génocide des Juifs en France, de la police et des atteintes aux libertés.
Partant des livres Opération Étoile jaune (Le Cherche Midi), La rafle du Vel d’Hiv (PUF) et Chroniques d’un survivant (Noesis) mêlant souvenirs et documents administratifs souvent inédits, Philippe Ogouz, comédien et metteur en scène, a réalisé une adaptation théâtrale qui raconte le Vél d’Hiv à travers le témoignage d’un jeune Juif issu d’une modeste famille de Vincennes.
Le récit est entrecoupé de données administratives factuelles et glaçantes, qui tombent comme des couperets.
Le duo voix/accordéon finement soutenu par un jeu de lumières a pour seul but de servir un texte bouleversant.
L’EQUIPE ARTISTIQUE
PHILIPPE OGOUZ (adaptation, mise en scène, interprétation)
Au cours de sa prolifique carrière entamée en 1958, Philippe Ogouz a participé à plus de 70 spectacles majeurs comme comédien, metteur en scène ou producteur. Parmi les plus marquants : TEMPO de Richard Harris au Théâtre Fontaine (1989). Mise en scène et production (Molière du meilleur spectacle musical) – UNE PETTE FILLE PRIVILÉGIÉE de Francine Christophe (2000) au Lavoir Moderne Parisien. Mise en scène et production – RUTABAGA SWING de Didier Schwartz (2006) au Théâtre 13, repris au Petit Montparnasse et à la Comédie des Champs Elysées (nominé aux Molières dans les catégories meilleur spectacle du théâtre public et meilleur auteur) – RADIO TRENET de Jacques Pessis (2014) au Vingtième Théâtre, repris au Petit Montparnasse. Mise en scène, interprétation et production.
Également enfant de la télévision, Philippe Ogouz a joué dès 1960 les héros du petit écran dans des séries à succès telles que : BASTOCHE ET CHARLES AUGUSTE (1959) – LA BELLE ET SON FANTÔME (1962) – ROULETABILLE d’Yves Boisset (1966) et a participé à ce jour à plus de 60 téléfilms.
Très actif dans le doublage au cinéma comme à la télévision, Philippe Ogouz a régulièrement prêté sa voix à de nombreux comédiens américains prestigieux parmi lesquels Martin Sheen, Patrick Duffy, Peter Fonda, Dustin Hoffman…
Il a aussi participé comme auteur et interprète à la série comique FROG SHOW qui a succédé à Objectif Nul sur Canal +.
PAUL PREDKI (musique, accordéon)
Comédien et chanteur, Paul Predki s’accompagne à l’accordéon.
Compagnon de route de l’auteur, metteur en scène et acteur Philippe Faure, il participe à de nombreux spectacle au Théâtre de la Croix Rousse à Lyon. Il collabore également avec Claudia Stavisky pour MINETTI de Thomas Bernhard qu’il joue aux cotés de Michel Bouquet. Il a aussi interprété le rôle de Puck dans LE SONGE D’UNE NUIT D’ÉTÉ de William Shakespeare, mis en scène par Claudia Stavisky aux Nuits de Fourvière.
ANDRÉ DIOT (création lumière)
Directeur de la photographie et éclairagiste de renom, André Diot joue pour ce spectacle avec le noir et blanc, le contre-jour, le crépuscule, l’atmosphère poétique, renouant ainsi avec la marque du tandem formé au théâtre dans les années 80 avec Patrice Chéreau.
Pour la scène, il a travaillé avec d’autres grands noms comme André Engel, Jean Jourdheuil, Jean-Pierre Vincent, Roger Planchon, Marcel Bluwal et a reçu à quatre reprises le Molière du créateur de lumières.
Au cinéma et à la télévision, André Diot a fréquemment contribué aux réalisations de Raymond Rouleau, Maurice Dugowson, Michel Deville ou encore René Manzor.
LA PRESSE
Philippe Ogouz, acteur rompu au théâtre, tourne sur scène comme un lion en cage. Il porte en lui une saine colère, que les mots de Maurice Rajsfus réactivent avec virulence. Le théâtre peut être fier de compter dans ses rangs un spectacle tel que celui-ci. Il est de ceux qui honorent le devoir de mémoire. – TÉLÉRAMA SORTIR
Dans cette œuvre, Philippe Ogouz ne narre pas une origine dans une narration qui serait une fiction. Il ne raconte pas un mythe, il restitue la réalité historique pour clarifier la folie de la guerre. Il y a toujours de la beauté dans la vérité, mais il y a plus encore de la grande puissance à savoir transformer en objet d’art un fait tragique.- MEDIAPART
La Rafle du Vel d’Hiv est une gifle en pleine figure. Je ne vous parlerais que du comédien qui transcende ici tous les rôles, passant de l’enfant à celui du narrateur. On se doute en arrivant que le sujet est grave, que l’on va rentrer dans un récit chargé en émotions. Mais quelle joie d’apprendre, quelle joie de se souvenir et quelle joie de transmettre. Au delà des mots, livres et récits, on a de l’émotion à l’état pur et c’est bien notre devoir de nous rappeler. – AU THÉÂTRE CE SOIR
Les mots sont là, précis, cruels, dans toute la puissance dramatique de l’horreur vécue par le narrateur. Dans un espace vide, sous un méticuleux jeu de lumière, Philippe Ogouz dialogue avec l’accordéon de Paul Predki qui lui répond, se fait parfois léger, souvent grave et de la lourdeur de plomb du drame qui nous est compté. L’émotion est là, sans fioritures.- THÉÂTRE CÔTÉ CŒUR