Appels d’Urgence
- Agnès Marietta
- Heidi-Éva CLAVIER
- Coco FELGEIROLLES
- Philippe Lagrue
RÉSUMÉ
« Je ne veux pas me croire jeune, mais je ne veux pas que la société m’ôte, en raison de mon âge, ce sentiment de la continuité de soi qui nous permet d’exister. » Laure Adler
Une femme nous accueille. Dès l’entrée on peut voir des photos d’elle à tous les âges, de l’enfance à aujourd’hui.
Elle est calme, drôle, légère, mais elle a d’ores et déjà commencé sa métamorphose.
Par petites touches impressionnistes, elle nous décrit ce monde qui la rogne de plus en plus, la rétrécit. Ce monde où il serait de bon ton de bien vouloir disparaître de soi-même au bout d’un certain temps. Ce monde où sa présence agace, gêne, indispose.
Et peu à peu le phénomène s’inverse, c’est elle qui commence à grignoter les contours du cocon. Car à tout âge, et peut-être particulièrement au sien, il faut se battre pour encore devenir soi.
L’âge des possibles.
PRESSE
L’ÉQUIPE ARTISTIQUE
Heidi-Eva Clavier
Formée à l’ERAC de 2010 à 2013, Heidi-Éva Clavier intègre la promotion d’élèves comédiens de la Comédie Française où elle achève son apprentissage et découvre le goût de la mise en scène. L’année suivante, elle s’inscrit au Prix Théâtre 13 2015 avec un projet intitulé Ivan Off (adapté d’Ivanov de Tchekhov) qui ira jusqu’en finale du concours.
Depuis, elle a porté deux projets avec sa propre compagnie, Sud Lointain : Blanche-Neige (d’après Angelica Liddel, le documentaire Children of Beslan et une partie d’écriture de plateau) en 2019, à Anis Gras, Le lieu de l’Autre, et Débordées (projet d’un triptyque de trois monologues d’Agnès Marietta, Anne Sultan et Catherine Benhamou traitant de la marginalité au féminin, créé au Théâtre El Duende à Ivry).
Par ailleurs elle collabore en tant que metteuse en scène avec la compagnie Le Chant des Rives pour Les Frustrées, d’après Claire Bretécher, depuis 2019 qui s’est joué au Théâtre des Clochards Célestes à Lyon, au Théâtre du Train Bleu à Avignon Off, au Festival Régions en Scène, au Théâtre Victor Hugo de Bagneux, à l’Espace 93 à Clichy sous Bois, et au Festival Aux Alentours à l’Étoile du Nord à Paris. Ainsi que la compagnie Dis-leur-deux-mots pour la mise en scène du Cabaret du XXIe siècle.
Elle est de plus cette saison assistante à la mise scène d’Isabelle Hurtin pour La Machine Tchekhov, qui se joue au Théâtre du Ranelagh.Elle souhaite développer son travail au contact de publics de plus en plus larges, notamment en déplaçant ses spectacles en région, à commencer par ses Cévennes d’origine.
Coco Felgeirolles
Coco Felgeirolles a quitté l’Ardèche à 18 ans pour faire du théâtre. Une sorte de vocation, on va dire. Elle a étudié l’art dramatique à l’École Périmony, au Théâtre/École Robert Hossein de Reims, puis auprès d’Antoine Vitez et d’Andréas Voutsinas. Elle a pratiqué le théâtre pendant les années glorieuses de la décentralisation (une centaine de spectacles) et a ainsi arpenté la France de la Lorraine à Marseille, de Lyon à Mont-de-Marsan. Mais elle a aussi participé à des tournées internationales (en Côte d’Ivoire, aux U.S.A., en Allemagne etc.) et joué à Paris. Elle a travaillé avec de nombreux metteur.e.s en scène de cette génération : Charles Tordjman, Anne-Marie Lazarini, Daniel Mesguich, Philippe Adrien, Marcel Maréchal, Viviane Théophilidès, Jacques kraemer, etc. Mais elle a aussi tourné pour la télévision dans les séries des années 80. Résolument tournée vers l’avenir, elle a joué ces dernières années auprès de metteur.e.s en scène plus jeunes qu’elle : en 2021 et en 2022 avec Nasser Djemaï, en 2019 avec le jeune collectif « Le grand cerf bleu ». Elle vient de tourner dans la série Septième ciel (Prix de la meilleure série au festival de La Rochelle 2022) sous la direction d’Alice Vial. Elle prend beaucoup de plaisir à découvrir le travail des jeunes générations et est ravie de présenter en Février et Mars 2023 un « seule-en-scène » : Appels d’urgence au Théâtre de la Manufacture des Abbesses, mis en scène par Heidi-Éva Clavier. Elle a consacré beaucoup de temps depuis quinze ans à l’enseignement de l’art dramatique. Titulaire du D.E et du C.A., elle a dirigé le département Théâtre du Conservatoire à Rayonnement Régional de Cergy et enseigne actuellement à l’École Artistic. Elle a participé pendant dix ans à la commission d’experts Théâtre de la D.R.A.C. Île-de-France.
Agnès Marietta
Agnès Marietta a écrit sa première pièce à vingt ans, en 1987. À cette époque elle voulait être auteur, elle ne savait pas encore qu’elle deviendrait autrice.
Avec Michel Marietta, elle monte sa compagnie, Travaux Publics. Ils orientent leur travail vers l’individu, coincé entre ses rêves et le réel, entre l’amour et le couple, piégé par la pression sociale. Comme dans du verre brisé (1998), Aujourd’hui plus que jamais (2001), Cœur de Cible (2005), À double tranchant (2009), Suite Parentale (2010) ont été montées au Théâtre de l’Usine (Val d’Oise) où la compagnie était en résidence pendant 10 ans. Lutte des places (2018) suit la campagne municipale d’une liste féministe est ma première pièce militante féministe.
Attente de connexion / Appels d’Urgence (création 2020) est un monologue écrit pour et créé par Coco Felgeirolles. Retournement (2020) a obtenu l’Aide à la création ARTCENA pour la session de Novembre 2021. Elle est en cours de production pour une création prévue en 2023 à Points Communs, la Scène nationale de Cergy-Pontoise.
Entre 2007 et 2015, elle écrit trois livrets musicaux : Moimoi l’enfant-roi, (musique de Francis Mimoun, MeS Bérengère Gilberton), un opéra contemporain Wu Zetian, de la terre au ciel, (commande d’état pour la compositrice Xu Yi) et LE DIBBOUK, opéra-jazz de François Méchali.
NOTE D’INTENTION
Que sont ces appels d’urgence ?
Appels d’urgence est un projet né de l’envie d’Agnès Marietta, autrice, d’écrire pour Coco Felgeirolles. Un travail en trio, à partir de l’intime. Un travail qui nous plonge dans « l’obsolescence d’une mère par sa famille ».
Il y a eu un temps d’interviews de Coco, suivi de séances de travail à trois pour mettre en relation le texte, les directions, et le vécu de la comédienne. A chaque instant nous avons travaillé à la frontière entre fiction et réalité.
De ce travail a émergé Madame Waller. Figure féminine qui ressort des souvenirs de Coco. Cette Madame Waller était professeure de latin dans les années 1960. Brillante, atypique, intransigeante avec une grande aura sur les élèves.
Madame Waller est un point de départ, Coco est le point d’arrivée. Ou l’inverse. Dans le texte c’est le nom du personnage, de cette femme. Mais pour le public, il ne sera jamais prononcé. Opérer ce tissage entre réalité et fiction et comme les couturières, retirer tous les faux-fils pour qu’à la fin, il soit impossible de distinguer qui de l’actrice ou du personnage s’est exprimé. Voilà le cœur de ce spectacle. Et pour souder ce lien entre Madame Waller et Coco, des photos de familles, souvenirs d’enfance anonymisés tapissent l’espace du public.
Est-ce que les êtres humains ont une obsolescence programmée ?
Au fil de la pièce, Elle remonte le fil de sa vie à l’aune des nouvelles technologies, des difficultés, des embûches ou des soutiens qu’elles lui ont donné et lui donnent encore.
La toile d’araignée des réseaux sociaux, qui permet de façonner sa vie en fonction de celui qui va la recevoir. Qui permet une certaine ubiquité : être ici et ailleurs en même temps, mais aussi être là et pas là en même temps.
Est-ce que la présence et l’attention sont comme l’amour (qui ne se divise pas mais s’augmente) ou faut-il que l’on se consacre à quelqu’un ou quelque-chose pour qu’elles aient un sens ? C’est une question qui la hante.
Ce qu’elle cherche, son enquête, son but, c’est comment réussir à avoir un rapport vrai, simple.
Sa solution, ce soir-là, face au public, c’est de pouvoir aller à son rythme, ne plus se le faire dicter. Car oui, quoiqu’on en dise, elle est à l’âge des possibles.
Heidi-Eva Clavier – metteuse en scène
EXTRAIT
« Je me souviens de l’arrivée du répondeur
Certes ça prenait les messages quand on était absents
Formidable
Mais encore plus formidable
Ça nous permettait de filtrer les appels
Et de décrocher en fonction de qui appelait
Ma mère râlait « Tu es là je sais que tu es là réponds »
je répondais encore moins j’appelais le lendemain
Maman j’étais au cinéma
A dix heures du matin ? t’as été voir quoi
Elle n’était pas dupe
Je ne lui répondais pas parce que sinon j’en avais pour des heures
On a tous fait ça
Poser le téléphone et partir dans une autre pièce
Moi en tout cas je l’ai fait
Aujourd’hui c’est mon tour
J’ai atteint l’âge d’être filtrée
Mise en attente
Posée là et parler toute seule dans le vide
Je deviens une obligation
Mais la réciproque est vraie
C’est ça que j’ai envie de leur dire à mes enfants
Et pas que à mes enfants, moi aussi le monde entier me dérange »