Mécanique Instable
- Yann Reuzeau
- Sandrine Molaro, Emmanuel de Sablet, Sasha Petronijevic, Morgan Perez, Leila Seri, Sophie Vonlanthen
- François Leneveu
- Philippe Legall
Résumé
Stéphane est le dynamique patron-créateur d’une PME en pleine expansion. Il traite ses employés avec chaleur, s’enorgueillit même un peu de “bien” les payer.
Un jour, il décide de vendre. Ses employés, ses amis pour certains, paniquent et lui reprochent amèrement cette décision. Ce qui l’ébranle fortement.
Bientôt, certains employés décident de racheter eux-mêmes leur société, et bouleversent ainsi totalement leur rapport au travail, à la hiérarchie et au pouvoir.
Pendant vingt années, les succès et les échecs de l’entreprise seront vécus via le prisme de cette révolution de pensée. La nouvelle gestion démocratique des salariés-propriétaires devra faire face au triomphe de la mise en vente d’un nouveau produit, à la violence d’une mauvaise passe, à la difficulté d’arrêter des choix stratégiques cruciaux, mais aussi au retour de l’ancien patron… dans un simple rôle de commercial. Vingt ans de la vie d’une société dont les soubresauts porteront, influenceront ou détruiront le destin de 6 personnages qui ne s’imaginaient pas s’embarquer dans une telle aventure, dans une révolution.
La Presse
Enjeux hallucinants, dialogues savoureux, acteurs magnifiques et investis.
Lauréat du meilleur auteur des Beaumarchais décernés par Le Figaro pour « Chute d’une Nation », Yann Reuzeau met en scène sa nouvelle pièce : une réussite, à nouveau. Il aime traiter les rapports de force, entrer dans les conflits, dans les cœurs, parler de ce qui intéresse la société moderne. C’est, comme d’habitude, bien fait, subtil, intelligent. Le spectacle est passionnant et se déguste comme un bon feuilleton théâtral. Les comédiens sont très bons. En particulier la prometteuse Leïla Séri.
Reuzeau laisse ouvert le champ des interprétations et mêle avec habileté enjeux économiques et relations humaines. Il a le chic pour transformer une discussion à priori aride –faut-il moderniser l’atelier ou en construire un nouveau ? – en débat politico-existentiel.
La nouvelle pièce de Yann Reuzeau passionne tout autant que sa dernière, « Chute d’une Nation ». Reuzeau conjugue le don de narrer à celui de mettre en scène. Les comédiens sont d’une justesse formidable. Chacun rendant son personnage crédible et attachant. On est captivé, touché, on applaudit à tout rompre.
Reuzeau s’était déjà fait remarquer par quelques créations de haute volée, dont « Chute d’une nation ». Il a réussi cette immersion dans les eaux profondes de l’entreprise, avec son lot de frustrations, d’espoirs, d’illusions et de souffrance. Il mène sa barque avec des acteurs ayant l’énergie syndicaliste un jour de grève. C’est drôle, survitaminé, et finaud, évitant ainsi le piège de la caricature ou du texte à message. «Mécanique instable» confirme que Reuzeau, c’est du solide.
Dans ce même théâtre au bas de la butte Montmartre, jeune auteur prometteur, remarqué, primé, esprit aigu, plume percutante, Yann Reuzeau s’est déjà emparé, avec brio, de la politique (Chute d’une nation) . Le voilà qui aborde avec pugnacité les incertitudes d’une nouvelle voie économique et sociale, dictée par les circonstances. Il explore, avec justesse, les lignes de faille dans le rapport que chacun, quelle que soit sa fonction, peut entretenir avec cette activité qui construit, ou détruit : le travail.
Une sacrée plume. Une comédie profonde. Tellement bien croqué et joué qu’on n’en perd pas une miette. Rythmée à souhait, une mécanique.
Peut-on faire du théâtre à partir de la vie d’une PME ? La réponse est oui, et même avec bonheur. (…) On observe avec gourmandise les personnages se débattre face à de nouvelles problématiques. «Mécanique Instable» est tout aussi hilarante que la dernière pièce de l’auteur, «Chute d’une Nation». Cette nouvelle œuvre, rythmée comme une série américaine, rappelle parfois le bureau, moments de cruauté compris. Et de fous rires, aussi.
Reuzeau a un talent indéniable pour camper des personnages complexes. Très bien dialogué, très bien joué, « Mécanique Instable » est du beau travail
Espoirs et désillusions de l’autogestion. Reuzeau continue d’ausculter notre société et les humains avec des dialogues vifs, qui font mouche.
Reuzeau frappe juste et fort. Ce qu’on aime chez lui, c’est sa capacité à se glisser dans le rôle de l’observateur de la société, sans jugement, moralisation, ni condamnation. Il cherche à donner à voir et à penser. Les comédiens nous ont captivés.
Maitrise acérée de la narration, précision du tempo : cette comédie dramatique décapée à la lucidité de déploie dans une mise en scène physique. Est capté ici quelque chose d’universel : une simple envie de travailler, d’aimer, de vivre, empêchée par les méandres changeants d’une époque marchande. Ce sont des questions infiniment contemporaines qui hantent le spectacle jusqu’à son terme. Et nous laissent sonnés par ce sidérant effet de réel.
Chaque création de Yann Reuzeau fait mouche. Avec cet art qui signe ces comédies de la vie même, Yann Reuzeau mêle une fois encore avec beaucoup de pertinence, appuyé sur une culture proche des codes télévisuels mais loin des clichés, le documentaire quasi photographique et la fiction dramatique.
C’est remarquable ! Des employés rachètent la boite et on suit leur effort pour assurer sa survie. Le sujet peut paraître austère mais le spectacle ne l’est absolument pas. Je vous incite à y aller.
Un auteur qui m’intéresse, un des rares qui s’intéresse à ces sujets, la politique, l’exclusion, le travail. Un défricheur qui a inventé sa place. Très documenté, très rigoureux, très prenant, on a l’impression de glisser son nez dans une entreprise, c’est totalement fascinant de voir un groupe essaye de se constituer, de résister à ce que la vie va leur objecter. Les dialogues font mouche. Une réussite.
Les Acteurs
Sasha Petronijevic
Formé à l’Atelier International de Théâtre Blanche Salant et Paul Weaver ainsi qu’au Conservatoire National d’Art Dramatique en Serbie (où il débute en tant que comédien). En 1999, Sacha arrive en France avec le spectacle Penthésilée de Kleist. S’en suivent des collaborations avec Sylvain Ledda, Jean-Luc Jeener, Mitch Hooper, Jacques Décombe, Anne Coutureau, Cyrielle Clair, Ned Grujic, Gilles Langlois.
Il a tourné dans Sur ta joue ennemie (2008) de Jean-Xavier de Lestrade, dans Le Premier Homme de Gianni Amelio (2012), Mea Culpa de Fred Cavayé (2014). Il est dans le prochain film d’Olivier Nakache et Eric Toledano (sortie prévu en octobre 2014).
Emmanuel de Sablet
Formé au Conservatoire National, il fait sa première mise en scène en 1981 : Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée d’Alfred de Musset. Entre 1983 et 2000, il est professeur au Conservatoire de Lille, il crée deux sociétés, Les Productions Baghera (cinéma) et Le chant des cigales (théâtre). Il rejoue, depuis 2001, au théâtre sous les directions de Kazem Shahryari, Claude Crétient, Stéphane Olry et Aurore Priéto. Il co-dirige la salle Agitakt jusqu’en 2005. Sa dernière mise en scène Quartett d’Heiner Müller, s’est jouée au Théâtre du Picolo. Après Chute d’une nation, c’est sa deuxième collaboration avec Yann Reuzeau.
Morgan Perez
Morgan est acteur et auteur. Il a notamment travaillé sous la direction de Marianne Groves, Thomas Le Douarec, Julien Boisselier et Jean Pierre Garnier. Pour la télévision, il a, entre autres, joué et co-écrit une série humoristique « Allo Quiche » pour Canal Plus. Au cinéma, il était à l’affiche du film Les Adoptés qu’il a co-écrit avec Mélanie Laurent. Après Puissants & Miséreux et Chute d’une nation, c’est la troisième fois qu’il joue dans une pièce de Yann Reuzeau.
Sandrine Molaro
Formée au Cours Perimony, elle y reçoit le prix Louis Jouvet. Elle complètera sa formation auprès d’Elyzabeth Chailloux au Théâtre des Quartiers d’Ivry et Philippe Adrien au Théâtre de la Tempête. En 2013, elle joue «La rose tatouée» de Tennessee Williams au Théâtre de l’Atelier. Elle travaille aussi régulièrement sous la direction de Marion Bierry («La veuve» de Corneille, «La ronde» de Schnitzler») et de Christophe Luthringer («Je t’avais dit, tu m’avais dit!» de Jean Tardieu et «Ex-Voto» de Xavier Durringer). On l’a vu également dans des comédies au Splendid et au Café de la Gare. Au cinéma et à la télévision, elle a tourné avec Sam Karmann, Dominique Farrugia, Philippe Muyl, Igor Sekulic, Dominique Baron, Joyce Bunuel. A France Inter, elle a participé à plusieurs créations radiophoniques.
Leïla Séri
Leïla étudie au conservatoire Erick Satie. Elle débute avec la Compagnie du Triangle Rond, dans leur premier spectacle en langue des signes, Homotumba d’Audrey Tirard, en partenariat avec Le Geste et la Parole. Puis joue dans Le Parfum de l’aube d’Anne Coutureau, et dans le Coltane de Jérémy Farley au théâtre Essaïon. Cette même année elle écrit et met en scène, Sérèna (traitant des rapports qu’entretient le corps dans la société et au travail.). Depuis 2012 elle travaille sur la création des Escaliers de l’espoir, dont elle est l’auteur, la metteure en scène et l’interprète au côté de Nicolas Richard.
Sophie Vonlanthen
Après La Secte, en 2001, Puissants & Miséreux et Chute d’une nation, c’est la quatrième fois qu’elle joue dans une pièce de Yann Reuzeau. En 2013, elle a joué dans Only Connect, une pièce de Mitch Hooper, et dans C’est pas la fin du monde, de Carlotta Clerici. Formée à l’Institut Lee Strasberg de New York, elle a joué récemment dans Sibylline, de Noli, mise en scène Marianne Groves, Femmes de Manhattan de John Patrick Shanley, mise en scène Mitch Hooper, Inconcevable texte et mise en scène Jordan Beswick. Elle est aussi la co-fondatrice et co-directrice de la Manufacture des Abbesses.
Note d’intention
Le monde de l’entreprise est opaque, multiple, et en mutation permanente. En m’attaquant à ce sujet via l’angle des SCOP, je veux en percer quelques uns des mystères et explorer l’aspect méconnu et en pleine expansion de ces coopératives dont la majeure partie des employés sont aussi actionnaires. Pour des employés d’une entreprise classique, cette transformation en coopérative est une vraie révolution du travail, bien sûr, mais aussi une révolution de pensée, et même une révolution politique.
Il y a mille choses à explorer dans ce processus.
Le premier moment sera quand Stéphane annonce son intention de vendre. Le coup de tonnerre que cela représente pour les employés est-il disproportionné? Sont-ils capables de s’adapter, ou ont-ils raison d’avoir peur de l’inconnu, du changement d’une situation dans laquelle ils étaient très à l’aise? Le second explorera la processus de décision des employés. Mais face à cette situation qu’ils n’avaient jamais anticipée, les positions ne peuvent être définitives. Et, confrontés aux choix des autres, leurs réflexions seront forcément chamboulées. Le troisième moment s’intéressera à la gestion effective de leur société. Transformés en patron malgré eux (ou pas?), ils devront en assumer le rôle, en fonction de l’implication qu’ils auront finalement décidé d’avoir (patron élu? salarié-associé? “simple” salarié?) et de leur nouveau rapport aux autres. Le retour de l’ancien patron dans un rôle de commercial achèvera de redistribuer totalement les cartes. Ils devront agir, pour le meilleur ou pour le pire, et prendre des décisions lourdes.